Antonio n’est pas loco. Après la réussite de Tango Flamenco, il ressert du dessert avec Flamencoriental, dans le genre on-ne-prendpas-les-mêmes-et-on-recommence.
Comme Lelouch réinventant à chaque film la même histoire (et le mal de mer). Nous les gourmands, on en redemande de ce mix sensuel et métissé, où il est permis aux hommes de regarder sous les jupes parce que c’estbeau, et aux femmes de pronostiquer le degré de fermeté des fesses de danseurs, qui vaut bien celui des footballeurs. Péninsule magnifique, l’esthétisme ibère, qui doit évidemment beaucoup aux berbères, se dresse donc d’Extremadure en Amérique Latine et jusqu’àA’Orient. Les reins bien cambrés, Najarro, soliste et chorégraphe au Ballet National d’Espagne, mariait hier soir le flamenco, la danse classique espagnole et la danse orientale avec de nouvelles compositions musicales, venues du Maghreb,-duBosphore, de l’Egypte et de la Turquie. Des percussions orientales et flamencas sontjustement installées en fond de plateau, appuyant trois guitares, un violon, un violoncelle, une flûte et la voix de Sonia Cortes, très «roots». Surle devant de la scène, les danseurs puisent autant dans la transe des derviches tourneurs que dans le flamenco andalou. Onze tableaux vont se succéder dans une demi-pénombre et devant un Grand Théâtre rempli aux deux tiers. L’ouverture, qui la compagnie s’activer,
donne dans un premier temps une impression de désordre. Et ensuite aussi. Curieux mélange musical, ce premier tableau démarre à la façon du End»
des Doors, sur un chant arabe.Puis il vire sur le rythme binaire du «We Will Rock You» de Queen. Ta-Ta Poum, Ta-Ta Poum… Flamenco,jazzmusette indien? L’oreille entend une culture, l’oeil en voit une autre. Le vent faitdes siennesetlasono siffle un instant. Difficile d’accrocher. Dans <<Ninoe», le duo sur guitares, chant gitan et flûte qui suit, Sara Alcon et Antonio Najarro dansent sans plus convaincre. «Caballos Arabes» et le fracas de ses guitares, puis «Lule tashi», sont peut-êtreplusenlevés. Quatre tableaux: Lule «Marwaha», un ins- Tashi (en haut), Caballos trumental et «Zam- Arabes (ci-contre),Nibra», un chant dansé noe (en bas) et Nereidas de Sonia Cortes, qui – (à droite). PhotosDDM, R.Œ pleure des rivières de souffrance, laissent le public sur iles genoux. Pur, très vieille Espagne et très applaudi. Toute la troupe se retrouve sur «Nereidas», les déesse marines de la mythologie grecque, un tableau intéressant où les couples vont s’échanger dans un menuet de la tentation improvisé. «Nur-AlDin, un solo d’Antonio Najarro, et «Dejab’i précèdent un autre instrumental, fort mais long. Le maître sortira fièrement au bout d’«Alborea», le final. Le public lui fait une ovation.
Pascal Charras